Lançons un petit débat : jusqu'où peut-on remonter en généalogie, d'après vous ?
Ce débat vient bien sûr de la fameuse question à 10cents "T'es remonté jusqu'où ?" quand quelqu'un qui ne sait pas l'enfer que c'est d'être un généalogiste pose soit-disant innocemment cette question alors qu'on sait tous que cette question a été créée par Lucifer contre nous !
Bref.
Respirons. Cette question que l'on nous pose assez souvent, nous pouvons nous la poser nous-mêmes différemment : jusqu'où puis-je espérer remonter cet arbre ?
L'idée d'en parler avec vous, mes adorables lecteurs (je peux checker le "léchage de bottes"), m'est venue en lisant un tweet de Juloz sur cet article.
Le monsieur en question parle de sa passion pour la généalogie et du fait qu'il est remonté jusqu'en 3000 avant JC. Le problème c'est que la quasi-totalité de l'article est réservé aux abonnés, mais le début ne fait pas envie.
Soyons sérieux quelques instants : en l'état actuel de nos connaissances, il n'est pas possible d'établir un arbre généalogique remontant à 5000 ans. Ca ne veut pas dire que ça n'arrivera jamais, mais on n'a pas les sources nécessaires.
Il s'agit bien sûr de fantasmes, de fausses généalogies et de quelques brins de naïvetés mélangés. Il existe des généalogistes malhonnêtes qui s'inventent des ancêtres en croyant que cela les rendra "plus fréquentables", mais il me semble que la majorité des erreurs relèvent de la naïveté ou simplement d'un grand manque de rigueur.
N'oublions pas que la généalogie est une passion pour la plupart. On peut aimer peindre sans vouloir être rigoureux, juste pour le plaisir d'écraser de la peinture sur une toile. On peut faire de la généalogie sans vérifier ses sources ou en croyant tout ce que l'on lit. Si on oublie que la passion est essentiel dans un hobby, alors on oublie qu'on pratique un loisir. Chacun a sa manière d'appréhender la généalogie.
Dans cet article qui invite à débattre, le but est d'essayer de voir jusqu'où on peut remonter en étant rigoureux historiquement (et donc scientifiquement).
Si vos ancêtres sont français, pas abandonnés, etc, vous pourrez remonter jusqu'à la Révolution. Pour les parisiens c'est compliqué puisque les archives ont brûlé durant la Commune ; ceci dit, vous avez aussi les registres notariés pour vous aider.
Au-delà de la révolution, tout dépend des régions, des communes, etc. Grosso modo, vous pouvez remonter vers le milieu du XVIIe grâce aux BMS (registres paroissiaux). Au-delà, ça se complique.
Pour améliorer les chances de grimper dans le temps, vous avez les minutes notariales. Elles-mêmes sont inégalement réparties dans le temps et dans l'espace.
Exemple : mes ancêtres de Valenciennes ne me sont pas parfaitement connus, surtout au début XVIIe car la moitié des registres notariaux ont été détruits durant la première guerre mondiale à cause des bombardements et le reste ne monte de toute façon guère au-delà.
A contrario, mes ancêtres marseillais peuvent être connus jusqu'au XIVe siècle sans soucis puisque Marseille a les plus vieilles minutes notariales de France toujours conservées.
Tout change si vous avez des notables ou d'anciens nobles dans votre arbre. La noblesse vous permettra de remonter plus facilement et assez loin dans le temps grâce aux nombreux travaux publiés sous l'Ancien Régime et même actuellement par les historiens qui s'intéressent toujours en priorité à la noblesse ou à la grande bourgeoisie. Vous pouvez monter de plusieurs générations d'un coup et, si vous êtes chanceux, vous trouver une ascendance royale qui a le mérite d'être en principe assez bien connue.
Le problème vient après. Jusqu'où remonter ? Jusqu'où croire les généalogies ?
Il me semble qu'il faut dans ce cas oublier les généalogies d'Ancien Régime et du XIXe et se concentrer sur les travaux récents. Grâce aux relectures de sources manuscrites, grâce à l'archéologie en grande partie, on peut un peu démêler les ascendances, mais en général, ça ne va pas plus loin qu'une ou deux générations (sauf rattachement surprise à une famille déjà connue).
Ainsi, de mémoire, les recherches ADN sur Toutankhamon ont montré que sa mère supposée ne l'était pas et que ses parents étaient frère et soeur (fréquent en Egypte antique pour la famille régnante).
Malgré tout, si vous croyez vous rattacher à un pharaon, vous faites erreur. Il est extrêmement compliqué d'établir une filiation antérieure à l'Antiquité tardive (IIIe au Ve siècles de notre ère) car on ne sait vraiment rien. Parfois on a un roi européen dont on ignore même le nom des parents et sur lequel on a des doutes quant à ses propres origines ! Il n'existe aucune filiation connue avec les Pharaons.
Ca ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, mais on ne les connaît pas.
Personnellement, je ne m'intéresse pas aux généalogies médiévales ni aux généalogies nobles en général ; mes propres recherches me permettent de remonter, chez les roturiers, à un certain Guillaume Ricard originaire d'Allauch (à côté de Marseille) et ayant vécu à la fin du XIIIe siècle. Tout ça grâce aux dépouillements et reconstitutions de François Barby à partir des registres notariés de Marseille et des alentours !
J'ai des ancêtres plus lointains, descendants aussi de familles nobles et royales. Roglo fait remonter mon arbre jusqu'à l'arrière-grand-père de Conan Mériadec, qui aurait vécu au IIIe siècle de notre ère. Je n'ai pas étudié la question, regardé dans les bouquins les filiations, etc, dans ce cas particulier, donc je me tairai.
A partir d'un moment, quand on descend d'une famille étudiée par des historiens spécialisés, à quoi bon ? C'est bien beau, me semble-t-il, de pouvoir dire qu'on descend de Charlemagne, mais c'est juste un nom dans un arbre. La démarche généalogique est de reconstituer les liens. C'est de plus en plus, il me semble, la capacité à comprendre ces liens et cela nécessite de fouiller comme un détective. Que vais-je trouver de plus qu'un médiéviste sur Charlemagne ? C'est pourquoi je m'intéresse davantage aux oubliés, aux gens modestes ou aisés, mais sur qui on peut travailler.
Et vous alors, que pensez-vous de cette question ? Jusqu'où peut-on remonter ? Si vous avez des avis divergents, il ne faut pas hésiter, je ne mords presque jamais !
Bonjour
RépondreSupprimerC'est toujours un plaisir de lire vos postes (léchage de pompes, fait 😋).
En théorie, en Provence, on peut remonter grâce aux documents jusqu'à la fin XVe début XVIe (par exemple les travaux collectifs de François Barby sur Marseille ou de Marianne de Bernardy sur le pays Salonais). Perso mon premier acte Avy est un contrat de mariage de 1478 sur Cavaillon.
Puis comme vous le dites, si on a la chance d'avoir des nobles, on peut remonter plus haut, bien que les généalogies de certaines familles posent encore des questions. Pour le pays d'Arles, les généalogies nobiliaires du Baron du Roure sont très rigoureuses. On peut donc crignoter quelques siècles.
Le bingo arrive lorsque on peut se raccrocher aux Carolingiens, et la on arrive sur le VIe siècle sans problème.
Tout ce qui remonte au dela (cf les travaux de Christian Settipani) repose sur des recontructions en parties théoriques. Ces derniers travaux montreraient des liens possibles et théoriques avec la noblesse byzantine puis les familles sénatoriales romaines. On est alors au IIIe siècle avant JC.
Il y aurait aussi des passerelles vers les dynasties hellénistiques (IVe s. Avt JC). Par contre il semble pour l'instant être revenu sur ses premières idées et avoir abandonné le lien avec l'Egypte antique.
Ah oui, j'oubliais si on descends des rois, on peut aussi remonter aux divinités.
RépondreSupprimerLes Capétiens, via les Francs, se disaient descendre des Troyens. On tombe de suite sur Enée, fils de la déesse Aphrodite et donc petit-fils de Zeus.
Mais les rois de France sont aussi les descendants des rois de Juda et d'Israël, donc fatalement on va voir défiler le sage Salomon, le roi David son père, mais aussi les patriarches Jacob et Abraham. Et la patrata, on se retrouve issu d'une union incestueuse avec Adam et Eve ! 😁😁
Du bon sens 👏
RépondreSupprimer15 ans de recherche et ça continue pour trouver les liens et donc les sources. Quel plaisir de remonter une génération. Merci pour ce message
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerTrès Bon article... Je fais de la généalogie depuis les années 70, bien sûr avec quelques temps de repos ou de respiration. Pour les branches nobles, arriver à un quelconque "but" il faudra soit des papiers de famille, soit tomber en s'y rattachant, sur la généalogie d'un "généanetiste" plus ancien ou plus perspicace que vous. de toute façon il faudra tout vérifier ou tout jeter au panier...
Comme tout le monde j'ai moi aussi quelques "branches nobles". 2 d'ailleurs 1 paternelle, que je n'ai pas eu le temps de regarder et qui commence de plus par un énorme doute dès le départ... Et 1 branche du côté maternelle qui commence, presque comme un conte de fée... Par une naissance hors mariage. Cela se passe chez les Protestants dans les Deux-Sèvres, sur fond guerre de religion... donc les sources ne sont plus les mêmes. Il faut rechercher dans les registres protestants, qui sont fort lacunaires, compulser les nobiliaires, qu'ils soient généraux ou régionaux... Des sources familiales numérisées et publiées, c'est sur ces sources que les doutes peuvent s'installer..., et puis, toutes les revues "philanthropiques" régionales ou locales du XIXème siècle, qu'il faut alors "dépouiller"... Sur cette branche je remonte jusqu'à Charlemagne et bien plus encore. Mais cela m'a permis, d'établir un cousinage avec Henri IV et donc de fait d'être cousin avec la descendance de rois, jusqu'à louis XVI... Par les temps qui courent, mieux vaut ne pas trop le crier sur les toits ou barricades.
Cette petite étude m'a permis de réaliser un .pdf où est tracé tout le cheminement. avec tous les liens des "preuves"...
Je voulais vous joindre le fichier... Je m'aperçois que cela est impossible, dommage...
Mais pour la généalogie , quelle vous élève dans les hautes sphères de "l’aristocratie" ou vous "plonge" dans la vie plus humble mais au combien intéressante, du "petit Peuple", C'est toujours passionnante.
Bien cordialement
J'ai pour ma part une filiation à Hugues CAPET et j'avoue avoir été content de cela. Cependant je retourne toujours vers mes vignerons, tisserands... les invisbles et là je me retouve en eux.Merci pour votre article.
RépondreSupprimerBonjour, je débute en généalogie et je m'applique à trouver les actes et à les enregistrer! Quel plaisir de chercher le maillon manquant pendant des jours et enfin de le trouver! Sinon, on peut se créer un arbre " artificiel" et cela ne présente pas d'intérêt. Mais que penser des ouvrages comme "Père Anselme" et les dictionnaires de la Noblesse? Quelques individus de notre arbre y figurent mais je veux rester dans la vérité, pas dans le sensationnel. Merci, bonnes recherches à tous
RépondreSupprimerBonjour moi je suis remonté jusqu'au XVeme siècle en 1490
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