Les Proost sont une
famille... compliquée. Comme ils font tout pour m'embrouiller, me voilà à écrire
un article sur eux pour tout tirer au clair, l'écriture permettant de remettre
les choses à plat.
Je descends des Proost
par Jeanne Catherine, épouse de Jean Baptiste Flory dont je vous avais parlé.
Il était bailli du comté de Thiant et bourgeois de Valenciennes dans la
deuxième partie du XVIIIe siècle. Mais d'où venait son épouse ? De Belgique,
pardi ! Et qui dit Belgique, dit visiblement actes non filiatifs, spécialité
locale avec les moules frites et la bière. Non, ce n'est pas cliché ! Bon
d'accord, c'est totalement cliché mais vous n'allez pas tout prendre au premier
degré, non ?
Bref, je trouve Jeanne
Catherine baptisée le 14 avril 1733 à Bruxelles dans une paroisse au nom
concis: Saint Michel et Sainte Gudule. Elle est notée fille de Jean Balthazar
Proost et de Jeanne Louise Mahieu qui se sont mariés dans la même paroisse le
30 juin 1726, sans autres renseignements.
Je leur ai trouvé trois
enfants. Un miraculé, prénommé comme son père. Miraculé car bien que grand
prématuré, il survécut ; le garçon étant né deux mois et une semaine après le
mariage de ses parents. Ils ont eu mon aïeule puis Pétronille Joseph. Problème
noumbère 1 : J'ai trouvé un couple homonyme à Mechelen dans les années
1710-1720. Et j'espère que vous me croirez quand je vous dirai que les couples
Jean Balthazar Proost et Jeanne Louise Mahieu ne sont pas très courant à cette
époque. S'il s'agit bien du même couple comme j'en suis persuadé, alors on a
deux hypothèses : La piste protestante, mais la famille Proost est réputée pour
être restée catholique quitte à refuser des postes ou à se faire éjecter ;
autre piste, celle de la confirmation de mariage, sorte de nouvelle cérémonie
de mariage plusieurs années après le premier dont j'ai lu que cela se faisait
en Belgique. Les deux pistes seront à explorer.
Mais le mystère Proost
s'épaissit quand j'étudie la famille Proost en général. En dépouillant les baptêmes à M&G de
Proost de 1650 à 1750, j'ai trouvé six couples:
1. Jean Balthazar &
Jeanne Louise Mahieu
2. Arnould & Marie
Anne Proost
3. Jean Baptiste &
Josine van den Bergh
4. Jean Michel Joseph
& Jeanne Catherine de Comines
5. Jean Baptiste &
Anne van Gindertaelen
6. Nicolas Pierre &
Catherine Martini
Arnould et Jean
Baptiste ont été reçus en 1699 dans un des sept lignages bruxellois. Ils sont
frère et fils de Jean Baptiste et Anne van Gingertaelen. Cette famille Proost a
été étudiée, outre parce que la famille a été anoblie, reçue dans un lignage,
mais aussi parce qu'elle a fait sortir des avocats, conseillers, notaires, etc.
Ma question fut alors,
mes Proost sont-ils issus de ces Proost ? Et les deux autres couples, qui sont-ils ?
Ce qui me pousse à étudier ces autres Proost
vient des deux faits suivants :
1. Jean Michel Joseph
Proost est parrain de Joseph François Proost, fils de Jean Baptiste et de
Josine van den Bergh. Mon Balthazar est parrain de Balthazar Proost fils
desdits Jean Baptiste et Josine. J'imagine mal Jean Baptiste allant au bar et y
croisant Balthazar : « Eh salut ! Tu t'appelles Proost ? Comme moi ! C'est trop
la classe ! tu veux être le parrain de mon fils et l'appeler Balthazar comme
toi ? »
2. Les professions. Les
Proost, comme je l'ai dit, étaient dans le milieu de la justice: avocats et
conseillers. Jean Balthazar était... bonne question, je n'en sais rien. Mais
son fils aîné qui portait les même prénom a été bailli du marquisat de Forest
puis greffier au parlement de Flandre. Sa soeur, Jeanne Catherine a donc épouse
un bailli, bourgeois de Valenciennes. La dernière soeur, Pétronille est restée
célibataire ; elle est devenue badarienne, du nom de Françoise Badar, femme qui
avait créé une école de dentelles à Valenciennes. Cette école permettait aux
orphelines et aux filles pauvres d'avoir un métier. Elles étaient encadrées par
des dames dévotes dans cette école très religieuse. Pétronille était une de ces
dames. Il était courant à Valenciennes que les filles deviennent dévotes sans
pour autant entrer dans des ordres; on retrouve de nombreuses dames chez les
badariennes mais aussi au béguinage. Une des filles de Jeanne Catherine était
d'ailleurs béguine. Bref, les métiers correspondent.
Deuxième étape :
Chercher dans les livres. Le nobiliaire des Pays-Bas de Herckenrode ne contient
pas mon ancêtre, ni même dans la généalogie des Proost publié par ledit
Herckenrode. L'armorial des conseillers de Brabant contient deux générations de
Proost, ce qui est trop peu. Il renvoie vers le Taxandria, volume 12.
Bien sûr, le Taxandria
volume 12 n'étant pas en ligne, je le commande et attends bien deux-trois
semaines pour le recevoir. Vous ai-je dit que le Taxandria est écrit en
néerlandais ?
Je ne vais pas
reprendre les informations du Taxandria, car certaines sont fausses. Ou, du moins,
elles sont contraires aux informations des registres. Mais ledit ouvrage m'a
permis de faire des avancées.
Avant cela, j'ai trouvé
une naissance qui relie deux branches ci-dessus exposées. Dans la paroisse
Finistère de Bruxelles, j'ai trouvé le baptême de Jean Michel Joseph; il est
fils de Nicolas et de Catherine Martini. J'ai supposé que Jean Balthazar était
frère de Jean Michel Joseph car, la marraine de mon aïeule Jeanne Catherine
n'est autre que Catherine Martini, qui serait donc grand-mère de l'enfant.
Grâce au Taxandria,
j'ai découvert que Catherine avait une soeur Marie Anne qui a épousé Nicolas
Buyckx. Nicolas est fils de François... et de Claire Proost. Cette dernière est
la soeur de Jean Baptiste époux d'Anne van Gindertaelen. [prend une aspirine et
continue] Ces familles vivaient à Gastel, aux Pays-Bas. Bonheur ultime, les
archives de cette région ont été mises en ligne et les actes indexés ! Pour une
fois que j'ai de la chance, je la saisie. Et je trouve le baptême de Jean
Balthazar !
J'ai sorti les
cotillons, l'Aspégic, le champagne, etc. Jean Balthazar, baptisé le 6 janvier
1695 à Oud en Nieuw Gastel, est bien fils de Nicolas et de Catherine Martini.
Il a une grande soeur nommée Anne Catherine. Anne Catherine a pour marraine Anne
Catherine Proost, dont je n'ai pas trouvé la trace. Quant à Jean Balthazar, sa
marraine est sa tante, Marie Anne Martini.
Ce qui a pu causer
l'erreur dans le Taxandria est un baptême, en 1696 à Gastel. Un fils d'un
Pierre Proost et d'une Anne Marie Martini. S'agit-il de Nicolas et Catherine?
Un remariage d'Anne Marie? La question reste entière. Mais cette acte est
intéressant pour la marraine: Anne Pétronille Havermans. Il s'agit très
probablement de Pétronille fille d'Adrien Havermans et de... Marie Proost.
Marie Proost, soeur de la susdite Claire et du susdit Jean Baptiste époux van
Gindertaelen.
Bref, le mystère, bien
que l'on puisse dire qu'il y a des liens de parenté, n'arrive pas à
désépaissir. Et moi, j'ai la migraine des Proost…
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