En écrivant sur les geneatrolls, je ne m'attendais pas à un tweet parlant d'une autre espèce de troll : le geneatroll capétien. Ce serait celui vous faisant remonter à Hugues Capet (ou Charlemagne)... A vrai dire, je comprends la méfiance qu'il y a vis-à-vis de ces ascendances royales, mais, tout de même, doit-on rejeter une généalogie parce qu'elle remonte à la 60e génération ou plus haut ?
Cela semble être l'avis de nombre d'entre vous. Pourtant, il ne vous viendrait pas à l'idée de dire que Louis XX n'est pas un descendant d'Hugues Capet...
En fait, le problème semble se loger, chez les généalogistes, dans un manque de confiance dans ce qui n'est pas un registre paroissial. Au-delà du registre paroissial, ce serait comme si rien d'autre n'existait. Mais c'est faux et vous le savez.
Déjà, le registre paroissial est ce qu'il y a de plus fiable, certes, mais ce n'est pas fiable à 100%. J'ai dépouillé la commune de La Tour-d'Aigues (Vaucluse), un gros bourg de 2'300 habitants en 1765 et je reconstitue les familles dans mon logiciel de généalogie. Je remarque, très fréquemment, des erreurs : sur les prénoms, sur les noms, sur l'âge, etc. Des fois, les filiations sont fausses parce que le curé s'emmêle les pinceaux, parce qu'il a des manies comme celle de noter pour le patronyme de la mère, le patronyme de la grand-mère maternelle (véridique), parce qu'au décès, il note le prénom usuel qui n'est pas forcément celui du baptême, etc.
Dire que le registre paroissial est la seule source est une erreur. C'est une source parmi beaucoup d'autres. La plus connue est la source notariale. Les registres notariés remontent souvent plus loin que les registres paroissiaux. A Marseille, on en trouve depuis le XIIIe siècle. A cela s'ajoutent les papiers de famille, les preuves de noblesse, les chartes, etc.
En somme, si vous descendez d'un noble dont les papiers de famille le font remonter à Charlemagne ou du moins à une branche à la généalogie bien connue, il n'y a aucune raison d'en douter davantage que des registres paroissiaux. S'il faut toujours critiquer les sources, il ne faut pas les nier.
Il arrive que les généalogies soient fausses ou du moins douteuses. Ainsi, je peux affirmer que je descends d'Anne Cadart, décédée en 1624 à Valenciennes. Ainsi je puis, par des documents, confirmer l'ascendance royale de Marie de Recourt. Mais je suis incapable de prouver le lien entre Anne Cadart et celle qui serait sa mère, Marie de Recourt.
Cependant, si je trouve l'acte (contrat de mariage, testament ou autre), je serai en mesure de dire que j'ai une ascendance capétienne prouvée. Prouvée par quoi ? Par des preuves de noblesse, par des actes notariés, des chartes anciennes, des compilateurs, etc.
Actuellement, je travaille d'ailleurs sur une autre branche que Roglo donne comme d'ascendance capétienne, à voir donc.
Un généalogiste qui se dirait descendre d'Hugues Capet n'est pas forcément un généalogiste fantaisiste. Il y a d'immenses professeurs d'histoire médiévale qui ont fait de la généalogie pour leurs études, leurs articles, leurs livres. Ils sont habilités à diriger des recherches, maîtres de conférences ou même "simples" doctorants. Pour autant, vous ne pouvez pas leur dire qu'ils ont tort parce que la généalogie des Bosonides ne se base pas sur des registres paroissiaux... Une généalogie n'est pas qu'un assemblage d'extraits de ces RP, ni même d'ailleurs un arbre sûr à 100%. On émet toujours des hypothèses, on accepte toujours un état de fait, ou une filiation même si on manque de certitude. On peut la remettre en question, là n'est pas la question. Mais on doit accepter qu'on ne sera jamais 100% sûr de son ascendance. C'est aussi ça le travail d'historien : émettre des hypothèses qui seront peut-être invalidées dans 10 ou 100 ans. C'est pareil pour notre généalogie. Par exemple, je viens de découvrir que mon cousin, feu Robert Morlot, qui était un généalogiste amateur ayant passé des décennies à faire des recherches, avait commis une erreur de filiation à un moment donné. Ma grand-tante, feue Raymonde Lombard, s'était également trompée dans les filiations. Et un jour, on dira que feu Thomas s'est trompé dans telle autre filiation. On avance comme l'on peut, on émet des hypothèses et l'on se trompe.
Tout ça pour dire que les registres paroissiaux ne nous permettent pas forcément d'avoir toute la vérité et que l'historien, l'apprenti-historien et le généalogiste doivent avoir un horizon large comprenant de multiples sources. Descendre de Charlemagne n'est pas aberrant.
Merci pour ce billet, car on rencontre il est vrai parfois des généalogistes qui râlent quand ils trouvent des arbres qui remontent avant le 16e siècle en disant que c'est impossible car il n'y a plus de registres. Les sources sont en effet multiples, pour peu qu'on les analyse avec un esprit critique. En tout cas, si tu descends de Charlemagne, alors nous sommes cousins !
RépondreSupprimerBon article. Je ne vois pas de problème avec les hypothèses, tant qu'elles sont comprises.
RépondreSupprimerEt puis ont sait que statistiquement on descend tous de Charlemagne, ce n'est pas si étonnant que certains connaissent les détails de cette ascendance.
Du moment que les sources soient présentes, c'est tout ce qui compte :)
RépondreSupprimerMikaël
Quand on voit les chefs d'état aujourd'hui, j'aurais honte d'en avoir un dans mes ancêtres et je préfère descendre d'un humble berger.
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