C'est bien beau de faire un article sur la
bibliophilie généalogique, mais encore faut-il savoir par où commencer sa
bibliothèque. Tout le monde n'a pas la chance de naître avec une bibliothèque
historique déjà constituée (et malgré ce que j'ai dit sur ma bibliothèque
familiale, je suis dans ce cas : très peu de livres intéressant l'histoire et
la généalogie).
Alors, la question qui fâche, par où commencer
?
D'aucuns vous conseilleront des manuels du
genre Les archives notariales en 5
minutes ou Comment trouver vos
ancêtres en 2 clics voire même L'histoire
de vos ancêtres. Je dis : Non ! Ces livres peuvent être amusants à
feuilleter, mais avec toutes les ressources Internet, les blogs, les sites
gratuits, etc., vous n'avez pas besoin de dépenser 10-20€ (plus ?) dans des
livres trop généralistes. Préférez les livres présentés dans vos
Archives Départementales (AD), les livres universitaires, les ouvrages anciens,
les revues savantes. Mais avant d'y venir, il faut chercher sur Internet les
livres numérisés pour éviter de les acheter (sauf si vous n'avez rien d'autre à
acheter).
Où chercher des livres sur Internet ? Gallica,
Google Books, Geneanet, Archives.org sont les outils quotidiens du généalogiste
; pensez aussi à la presse locale numérisée sur le site de vos AD. Mais ce
n'est pas le sujet de cet article qui est, je le rappelle, la constitution
d'une bibliothèque généalogique et historique.
Pour cela, réfléchissez d'abord à ce qui vous
intéresse en priorité. Comment vivaient les femmes ? Comment naissaient les
enfants ? Quelle est l'histoire de ma commune ? Quelle est l'histoire de telle
profession ?
Puis vous cherchez sur la base Sudoc ou sur
Amazon qui ont des bases de données conséquentes, par mots-clés. Eh oui, à
défaut de connaissances vous êtes obligés de tâtonner au départ. Ensuite, il
faut naviguer de bibliographie en bibliographie. Vous commencez par acheter un
livre avec une bibliographie à la fin et vous regardez tous les titres
d'ouvrages et d'articles. En lisant le livre, vous aurez aussi, pour les
ouvrages universitaires, des notes de bas de page : notez les références. Vous
pouvez le faire dans un tableur Excel avec des colonnes, par exemple :
Nom
|
Prénom
|
Titre
|
Lieu d'édition
|
Editeur
|
Année
|
Où le trouver?
|
Prix
|
(Ce n'est qu'un exemple, hein ! ne vous moquez
pas)
Cela pourrait donner :
Nom
|
Prénom
|
Titre
|
Lieu d'édition
|
Editeur
|
Année
|
Où le trouver?
|
Prix
|
Gal
|
Stéphane
|
Grenoble au temps de la Ligue
|
Grenoble
|
PUG
|
2000
|
Amazon
|
39,60
€
|
Puis, vous dressez la liste de tous les
ouvrages qui peuvent vous intéresser et vous utilisez un code couleur pour les
ouvrages que vous possédez, ceux que vous voulez absolument, ceux dont le prix
ferait frémir Bill Gates, en bref, vous faites comme bon vous semble.
Vous allez certainement tomber, au début, sur
un « mauvais livre », c'est-à-dire un livre qui ne vous servira à rien, voire
qui n'aura pas de bibliographie. Privilégiez les livres avec des
bibliographies, c'est souvent gage d'un minimum de sérieux.
Par exemple, vous avez des ancêtres en Provence
et vous ne savez pas par où commencer. Je vous conseille l'ouvrage de Régis
Bertrand, La Provence des rois de France
paru aux Presses Universitaires de Provence. Ouvrage de synthèse, facile à
lire, il dispose d'une bibliographie qui vous aiguillera vers des choix plus
poussés.
Certains d'entre vous sont déjà partis en se
disant : « Et si je veux trouver mes ancêtres dans les livres ? »
Eh bien, je n'ai qu'une chose à vous dire : Bon
courage !
La plupart du temps (grosso modo 99 fois sur 100) vous n'aurez pas d'ancêtres dans les
livres, parce que les paysans de France, ils étaient certainement sympas à
étudier, mais moins que Mme la Marquise ou que le roi de France.
Mais, si vous descendez de gens qui avaient une
certaine notabilité, vous pourrez, peut-être, trouver trace de vos aïeux dans
des livres. Comment les trouver ?
Si je connaissais la réponse, j'aurais publié
un article dessus il y a déjà bien longtemps…
Cependant, en tapant les noms de vos ancêtres
dans Google, Google Books, Gallica, Archives.org ou Geneanet, vous pourrez
peut-être trouver une citation venue d'un livre qui évoque vos ancêtres. Ainsi,
par exemple, ai-je trouvé des références d'aïeux dans divers ouvrages… ou
revues.
Ne négligez pas les revues savantes locales,
les revues universitaires, etc. Utilisez le portail Persée et, si vous êtes
étudiant, Cairn.
Allez également sur les sites des associations
: certaines ont mises en ligne le catalogue de leur bibliothèque. De quoi
piquer des idées…
Ensuite, vous vous débrouillez pour trouver une
copie de l'ouvrage (bibliothèques, AbeBooks, Livre-rare-books, Ebay,
PriceMinister, etc.).
Dans un cas comme le mien, où cela fait quinze
ans que je pratique (ça me rajeunit pas ça), j'ai pu accumulé un nombre
important d'ouvrages, surtout que je suis des études d'histoire. Vous verrez,
en pratiquant les bibliographies, que des ouvrages reviennent souvent : c'est
qu'ils sont important. Vous verrez aussi qu'avec les années, votre bibliothèque
va grossir et que vous n'aurez plus à rougir en pensant à d'autres.
La généalogie, c'est un budget. A vous de le
définir. Mais l'étude par les livres est indispensable à la bonne compréhension
de nos aïeux. Sans cela, vous serez un compilateur de données généalogiques (y
a pas de mal à ça, ceci dit) ou un collectionneur d'ancêtres. Ca ne vous
enlèvera pas la qualité de généalogiste mais vous ne pourrez pas prétendre à
l'histoire ou même à l'érudition. Personnellement, j'aime savoir quelle était la condition de la
femme sous l'Ancien Régime, les modalités du mariage, etc. D'où le terme de «
bibliothèque d'érudit » ; la différence entre l'érudit et l'historien tient
dans le fait que l'historien problématise un objet d'étude et l'érudit, quant à
lui, ne connaît « que » des données brutes.
En fait de bibliothèque généalogique, vous êtes
en train de constituer des Archives Familiales, plus ou moins importantes
suivant ce dont vous avez hérité et suivant votre budget, mais des Archives
tout de même.
Vous pouvez étendre vos acquisitions aux
manuscrits anciens, aux lettres, aux enveloppes, aux factures, aux cartes
postales et ainsi enrichir votre fonds documentaire et iconographique. Ainsi
viens-je de me procurer des lettres écrites par le parrain d'un membre de ma
famille au XVIIIe siècle et, cet été, ai-je acheté un document de la
fin du XVIIe contenant des possessions de Lesdiguières à La
Tour-d'Aigues, commune que j'étudie. Comme vous vous dites : « Oui, mais moi je
suis pas Crésus » ; je vous dirai que j'ai payé ces documents 40€ pièce, ce qui
équivaut à l'achat d'un ou deux livres. C'est ainsi que vous constituerez des
archives familiales ; alors, qu'attendez-vous ?
N'hésitez pas aussi à partager vos découvertes,
vos dernières acquisitions, soit en commentaires, soit en rédigeant un article
sur votre blog. Demain, sur le blog, j'inaugurerai une nouvelle rubrique : Dans
la bibliothèque du généalogiste ; j'y ferai part de mes dernières acquisitions
ou de plus anciennes qui peuvent intéresser l'étude historique et généalogique
et, j'espère, vous donner des idées de lecture — c'est un peu le but.
Bonne idée que cette rubrique de la bibliothèque du généalogiste... Je me demande si je ne vais pas garder ce thème pour l'éventuel prochain #challengeAZ. Quant aux références bibliographiques, j'ai acquis quelques livres (brocante et/ou dépôts-ventes) parus au début du siècle qui n'en comportaient pas beaucoup ou qui ne contenaient que des références introuvables quand on habite trop loin d'une bibliothèque publique importante.
RépondreSupprimerPour les livres anciens, c'est normal d'avoir peu de bibliographie. Je vous conseille de vous tourner vers des ouvrages récents pour avoir une bibliographie digne de ce nom. Par contre, si vous habitez loin d'une grande bibliothèque, cela risque d'être difficile de les emprunter et vous devrez peut-être vous résoudre à en acheter quelques-uns.
SupprimerTrès bonne idée que cette rubrique de Bibliothèque généalogique! je pense la reprendre également, les livres commencent à s'accumuler chez moi... et peut -être que cela intéressera d'autres chercheurs.
RépondreSupprimerMickaël, de Généalogie & histoires en Dauphiné.
Je suis même certain que cela pourra intéresser d'autres chercheurs, dont moi. Je suis curieux de savoir ce que vous avez dans votre bibliothèque généalogique afin de vous piquer quelques idées...
SupprimerTrès bonne idée que je vais certainement reprendre. J'ai des ouvrages ici à Saint Cyr et en Bretagne . Faudrait même que ma bibliothèque soit sur Evernote afin d'éviter les achats en double....
RépondreSupprimerN'hésitez pas à reprendre l'idée. Si ça peut faire découvrir de nouveaux livres aux lecteurs, ce serait déjà un gros plus.
SupprimerTrès bonne idée Tom. Je rajouterai une colonne à ton tableau : Lu (oui/non). Parce que les livres achetés sur l'histoire du village, ou du métier, en se disant ça me sera utile un jour... on en a tous, non ? ;-)
RépondreSupprimerTu as bien raison Sophie, on a tous des étagères remplies de livres qu'on n'a pas lus. C'est une très bonne idée de rajouter cette colonne.
SupprimerA bientôt.
cela fait longtemps que j'ai envie de faire une page "biblio" sur mon blog, alors je vais peut-être m'y mettre... Et puis on pourrait peut-être faire quelque part une synthèse biblio de tous les livres que les geneabloggeurs ont lu ou qu'ils possèdent... Mais comment faire ? Sophie tu n'aurais pas une idée pour nous sauver ? ;)
RépondreSupprimerAlors, faites cette page biblio, elle servira aux généalogistes ;) Pour une synthèse, Sophie, qui pense à tout, avait prévu le coup : http://geneabiblio.tumblr.com/ et j'essaierai de faire régulièrement une synthèse des ouvrages des généablogueurs sur ce blog.
RépondreSupprimerMerci pour ce post. Ça me rappelle qu'il faut que je mette à jour la page biblio de mon blog ;-)
RépondreSupprimer